L’enfant aime lire une histoire et exprime le plaisir d’être écouter par l’adulte

Résumé : L’enfant aime lire une histoire au parent qui l’écoute et confirme sa perception des objets.  Cette vidéo présente les interactions des jumeaux lors de la lecture d’un livre sur les animaux devant leur mère, hors champ, c’est à dire située à l’extérieur du cadre de la vidéo.

Le rythme de la lecture :

Baptiste, 20 mois, a la maîtrise du livre mais Adèle, sa soeur jumelle, impose son rythme de lecture. Ainsi, le frère s’accorde au rythme de sa soeur tout comme l’adulte s’accorde au rythme de l’enfant.

Le plaisir d’imiter le bruit des animaux :

A cet âge, l’enfant aime lire une histoire selon le développement de son langage. En deçà du langage verbal articulé, l’enfant émet des bruits d’animaux qui sont plus faciles à imiter. D’ailleurs, ces verbalisations lui permettent de jouer avec les sons et d’expérimenter des intonations. Avant de mémoriser les mots, l’enfant répète la musicalité et la prosodie de la langue maternelle.

Le regard positif et bienveillant du parent pour faire exister la pensée de l’enfant :

Les jeunes enfants désignent chaque image du livre et cherche l’assentiment de l’adulte en relevant, à chaque son émis, leur visage vers le parent. En effet, les enfants ont besoin de vérifier si ce qu’il désigne est conforme à la perception de l’adulte. C’est confirmation de l’adulte, par une parole ou un hochement positif de la tête qui valorise leur perception. Cela témoigne à quel point l’enfant a besoin du regard positif du parent pour faire exister sa pensée.

Le langage se construit dans le partage et l’étayage avec l’adulte :

La perception de l’enfant organisant son image perçue est antérieure au langage verbal. C’est pourquoi il sait désigner avec le doigt mais ne prononce pas encore le mot, la représentation de la chose. Il perçoit des formes qui ont un sens avant de prononcer le nom de la chose. La désignation verbale renvoyée par le parent, étaye sa perception et lui permet progressivement de mémoriser les mots de la langue maternelle.

Le langage verbal de l’enfant naît d’un dialogue avec l’adulte :

Les jumeaux sont encore trop jeunes pour interagir réellement entre eux par un dialogue construit. Cependant, il s’appuie sur le tiers, la mère, hors champ, qui les regarde et les soutient par leur regard, pour exprimer leur désir d’apprendre et de raconter la joie qu’ils éprouvent à découvrir les animaux.

Les Enfants sont Créateurs de leur Histoire :

En conclusion, ce langage prend sa source dans le plaisir des interactions entre l’enfant et l’environnement qui prend soin de lui, les parents, les grands-parents, les frères et soeurs aînés, la famille au sens large du terme. C’est la richesse de ces interactions et le plaisir que le parent éprouve à communiquer avec son enfant qui motivera l’enfant à l’imiter. Ainsi, l’enfant accédera à la parole et au langage verbal en écho avec le langage de l’adulte.

© Copyright : Vidéo sur le jeu de l’enfant réalisé par Sophie Anita, tous droits réservés, 2017.

Pour en savoir plus :

Pourquoi le jeu est un langage ?

Le jeu est un langage

Le jeu est un langage, un langage essentiellement émotionnel : Sophie Tournesac, psychologue et photographe, filme le théâtre du jeu des Enfants Créateurs : la créativité de l’enfant dans le jeu au regard de ses mouvements émotionnels.

Les textes qui accompagnent les vidéos témoignent de la nécessité de regarder avec beaucoup d’attention le déroulement des séquences de jeu. En effet, l’enfant par une simple mimique, un geste ou une posture peut être révélateur d’un état émotionnel intérieur. C’est là le principal moyen de communication des bébés et jeunes enfants. Et, sa pensée commence par s’exprimer dans ses émotions.

Chaque situation est singulière et l’empathie, ou la capacité de se décentrer en se mettant à la place de l’enfant, est déterminante pour saisir ces messages qui sont surtout émotionnels. En effet, la capacité de l’adulte à ressentir les émotions de l’enfant aide à comprendre ce qui est en jeu.

Nommer l’émotion est fondamental pour le développement de l’enfant, car c’est reconnaître la singularité de son identité. C’est aussi accepter que l’enfant est en droit d’avoir des émotions. Que ce soit de la colère, de la jalousie, de la tristesse … elles sont souvent liées à la peur de perdre sa place.

Traduire calmement les émotions en langage verbal permet à l’enfant de s’apaiser. Celui-ci pourra ainsi « digérer » cette réaction affective qui le déborde et transformer positivement ses émotions en pensée. Une émotion de peur, de colère ou de tristesse pourra se métaboliser en joie et en plaisir à créer si elle est accueillie, entendue et comprise par l’adulte.

Il est important de souligner que l’identité de l’enfant naît d’une co-création entre l’enfant et l’adulte et dépend de la qualité des interactions. Ainsi, l’enfant s’appuie sur la qualité des liens tissés au fil des années avec son environnement. Progressivement, il acquiert son autonomie pour devenir une personne se sentant en sécurité et digne d’être aimé.

Musique des films

Debussy interprété par Philippe Entremont : Clair de Lune, Deux arabesques, Images I & II, Children's, Corner, ©Sony Classical, 1992.

Bizet ; Jeux d'enfants, Ravel : "Ma mère l'Oye, Fauré ; Dolly Suite" intérprété par Katia & Marielle Labèque, ©Philips, 1985

Ravel interprété par Philippe Entremont : Complete Piano Works, Sony Music Entertainment Inc, 1974 ©Sony Classical, 1994.