Pourquoi l'enfant se déguise

-Pourquoi l'enfant aime jouer enfiler les chaussures de papa ou maman ? Pourquoi certains enfants ont-ils peur de se déguiser ? En quoi le déguisement est-il la représentation de son idéal ? Pourquoi motiver l'enfant à composer lui-même son déguisement ?

Je me déguise pour avoir le pouvoir de papa et maman

-Se déguiser suppose une certaine constance de l'image de soi-même qui ne risque pas de se perdre dans la transformation du déguisement. Un enfant n'a une véritable volonté de se déguiser que lorsqu'il a construit une image suffisamment stable de lui-même. Or celle-ci n'est acquise que vers l'âge de 2-3 ans. Jusqu'à cet âge, l'enfant aime prendre des objets particulièrement évocateur de la personne à laquelle il désire ressembler sans pour autant imaginer se déguiser entièrement.
C'est ainsi qu'un enfant d'un an prendra le chapeau de son père : ce n'est pas dans le but de se déguiser mais de prendre quelque chose qui représente globalement la force du parent. C'est dire que le mouvement de se transformer est dans un premier temps une quête de ressemblance : être comme l'autre. C'est pourquoi la transformation portera sur certains objets empruntés (chaussure, lunette, chapeau, clé, téléphone, agenda, stylo...).

Je me déguise à condition de me reconnaître dans le miroir

-Certains enfants n'ont pas de plaisir à se déguiser. Ils permettent de comprendre le risque que comporte pour l'enfant le déguisement. De façon sous-jacente, il y a la crainte de ne plus se reconnaître dans le miroir. Ce mouvement est à respecter jusqu'à ce que l'enfant se sente rassurer sur sa propre image.

Je me déguise pour ressembler à mon idéal ou pour séduire mon partenaire

-Par contre, entre 3 et 5 ans, la certitude d'être soi-même est acquise. Le jeu de se déguiser, d'emprunter des identités, est précisément vécu comme un jeu où il n'y a pas le risque de se perdre. Ce déguisement sera toujours porteur d'une valeur idéalisée. L'image de soi doit être valorisante. Aucune petite fille ne désirerait se déguiser en souillon ! Elles se déguiseront en princesse, en reine des neiges, en Cendrillon au destin princier... La fille est tournée vers l'émotion, le désir du futur amour d'un partenaire idéalisé tandis que le garçon est tourné vers la démonstration de sa puissance, devenir un super héros, tel Superman. Si le garçon est beaucoup plus auto-centré sur sa propre force, la fille déjà petite est tournée vers un futur partenaire, qui pourrait remplacé la figure idéalisée du père.

Les Enfants sont Créateurs de leur Histoire

-Se découvrir dans le miroir fait partie de la jubilation du déguisement et de la capacité de jouer avec sa propre image et se créer de nouvelles facettes de son identité. Le stéréotype commercial de la panoplie, presque imposée, risque de détourner l'enfant de sa propre créativité. La création de son déguisement pour l'enfant et de tous les accessoires qu'il va trouver dans une vieille malle ou dans un grenier font partie de la joie du déguisement et mettent plus en jeu les valeurs créatrices propres à chaque enfant.